La carrière artistique de Juliana Xukuru

La carrière artistique de Juliana Xukuru

Juliana Xukuru, originaire du territoire Xukuru Ororubá, Pesqueira, Pernambuco – Brasil. C’est une artiste visuelle autochtone, appartenant au peuple Xukuru de Cimbres.

En tant qu’artiste, enseignante et chercheuse, elle s’engage dans l’activisme curatorial et la critique culturelle à partir du tournant décolonial, remettant en question les références hégémoniques eurocentriques imposées par l’invasion coloniale des terres autochtones. Les modes de vie en interaction avec la nature sacrée et les esprits, les déplacements forcés des femmes Xukuru et de leurs familles, l’assassinat de son père sur ses propres terres, sont des éléments présents dans sa production artistique.

Maîtrise em Arts Visuels du Programme Associé de Post-Graduation em Arts Visuels de l’Université Fédérale de Paraíba et l’Université Fédérale de Pernambuco PPGAV (UFPB/UFPE). Elle fait partie du Groupe du projet Cultures de l’antiracisme en Amérique latine (CARLA), basé à l’Université de Manchester, au Royaume-Uni, qui rassemble un réseau d’universités en Amérique du Sud : l’Université fédérale de Bahia (UFBA), l’Université nationale de Colombie (UNAL) et l’Université nationale de San Martin (UNSAM).

Pourquoi avez-vous candidaté à ce programme de résidence croisée Nantes-Recife ? Quel est votre lien avec la France ?

J’ai posé ma candidature pour cette résidence parce que j’avais la possibilité de présenter au monde une partie de l’art indigène contemporain du Brésil, et plus particulièrement l’art et la culture de notre peuple indigène Xukuru – Pernambuco, à partir de cette importante initiative du territoire français. Comprenant l’art dans une perspective non hégémonique, mon travail est intrinsèquement lié à la culture de notre peuple indigène Xukuru et de nos ethnies Xukuru de Cimbres et d’Ororubá. Par conséquent, cette expérience est une occasion unique pour tout un peuple et pas seulement pour un artiste. En ce sens, le fait de représenter une nation indigène entière de notre Brésil me fait penser que cela représente un bond en avant pour la relation entre ces deux pays : le Brésil et la France, afin de travailler sur
différentes questions, d’intérêt mondial, par le biais de l’art contemporain.

Quelles sont les principales idées ou thèmes que vous souhaitez explorer pendant pendant la période de résidence ?

J’aimerais explorer les questions d’environnement et de durabilité et comprendre comment la ville de Nantes a abordé ces questions et d’autres à travers l’art et la culture contemporains en France. J’aimerais également comprendre les relations possibles avec les populations indigènes et comment elles ont travaillé sur les questions de frontières entre les cultures et ce que la ville attend de ces relations.

Y a-t-il des compétences spécifiques que vous espérez acquérir ou développer ?

Oui, le perfectionnement de la langue française, car je conçois l’apprentissage d’autres langues comme un élément important dans la création d’alliances affectives et d’échanges culturels entre les peuples.

Quelles sont vos attentes quant à l’opportunité de présenter votre travail au public français ?

Je comprends que toute expérience d’échange culturel, au début, peut susciter beaucoup de questions et d’étrangeté et en même temps activer (de part et d’autre) des thèmes à revisiter de différentes manières, qu’ils soient historiques, culturels ou artistiques. J’espère que de cette rencontre avec le public français émergeront de nombreuses nouvelles lectures de ce que fut la colonisation de pays comme le Brésil et comment nous pouvons aujourd’hui travailler ensemble à de nouvelles pages de l’histoire de l’art pour l’avenir.

Comment pensez-vous que cette résidence contribuera à votre développement artistique à long terme ?

Cette expérience pourrait élargir le travail que j’ai développé avec mon peuple, afin de donner une plus grande visibilité à notre territoire indigène Xukuru de Cimbres et à d’autres peuples indigènes de la région nord-est du Brésil, une partie qui n’est pas encore très visible par l’axe de l’art contemporain au Brésil, mais qui a tant à offrir, compte tenu de l’immensité des cultures qui utilisent l’art comme principal outil de lutte, en fonction de chaque territoire et de chaque peuple. Cette activation de la résidence à Nantes peut être un exemple de la façon dont, avec l’ouverture d’espaces artistiques hégémoniques, nous pouvons entrevoir d’autres façons de
reconstruire des récits et de résoudre des problèmes qui intéressent toute la planète, et pas seulement les peuples indigènes, comme les questions
d’urgence climatique et environnementale.

Source : Consulat Général de France à Recife