Igor Porte

Né en 1991, France
Vit et travaille à Nantes

Mon travail est la traduction d’une expérience, celle d’une rencontre avec le paysage.
Au travers de ces lieux qui me sont familiers ou à l’inverse totalement inconnus, que la marche incarne le premier outil qui me permet d’éprouver mon environnement et d’en collecter ses fragments.
Je prélève des restes, des objets de mémoires, des échantillons sonores du paysage, ou encore des végétaux ; ces éléments que nos conventions culturelles peuvent percevoir comme anecdotique.

Je persiste à faire exister autrement, à revaloriser ce qui aurait pu être oublié, détruit, ou passé inaperçu. Ces débris qui témoignent de nos vies, que l’on ne regardait plus, que l’on n’entendait plus, basculent dans ce second souffle, entre une histoire évanouie, une poétique liée à la rencontre, et un champ de possibilités, de potentiel mais aussi d’apprentissage.

C’est en exploitant le potentiel sonore et physique de ces objets, au travers de leur résonance et de leur activation, que je prolonge leur l’existence et les saisis sous de nouveaux usages. Ils composent parfois, par leur coexistence, un paysage sonore et mouvant, habité par de multiples identités chargées du lieu dont ils proviennent.
Dans ces écosystèmes d’objets mécanisés, le regard, le son et la mémoire sont interdépendants, ils mobilisent notre écoute, jouent avec notre perception du temps et de l’architecture. Il demeure dans ces œuvres la volonté de partager une écoute, se rapprocher des choses, et de porter un nouveau regard sur une urbanité grandissante.

Animés, comme les automates, ces fragments rendu hybride véhiculent un désir de subsistance. Ils ouvrent une multitude de perspectives et d’interprétations rassemblant ainsi passé, présent et futur.
Un paysage mental, celui que nous créons ou recréons, d’après nos souvenirs, nos fantasmes et notre imaginaire.

Recife, Brésil (2022)

Résidence à Usina de Arte et Officina de Francisco Brennan, Récife
Programme en partenariat avec la convention ville de Nantes Métropole & Institut Français, le consulat et l’ambassade de France au Brésil et l’Usina de Arte de la région du Pernambouc.

Igor Porte crée des œuvres sonores, utilisant souvent des enregistrements sur le terrain et des éléments mécaniques dans ses compositions. Les œuvres actives prennent la forme d’instruments, d’installations automatisées, d’objets sonores. Il prend part à des performances qui impliquent une collaboration et une improvisation avec d’autres artistes et des musiciens. Il a développé un intérêt pour l’extraction et la collecte d’objets lors de ses marches dans des espaces urbains abandonnés, des microcosmes anecdotiques de la ville, tels que des usines désaffectées, ou dans la nature qui l’entoure. Il cherche, manipule, écoute puis active des fragments du paysage qui nous entoure, afin de les percevoir autrement Lors de la résidence, Il propose une installation sonore untitulée Les arbres enchantés, composée de Machaerium Aculeatum Raddi, microphones, hydrophone, « Piezos hybrides », ordinateur, interface audio, hautsparleurs, Bromélia, gousse de Palmier, feuille de Palmier, fibre de Cocotier. Le végétal est perpétuellement tourné vers l’extérieur, il garde sous ses couches les marques d’un monde mouvant. « Enchantés », ces arbres font réapparaître des fragments du passé. Comme absorbés par leurs respirations amples et répétés, les évènements sonores qui se déroulent aux alentours sont captés dans des phonographies de 60 secondes. Dans un second souffle ces réminiscences sonores resurgissent parmi les arbres, changeant ainsi notre perception de l’espace et du temps.